peindre et sculpter
avec l’infini

Et puis il y a le sentiment de vouloir créer quelque chose qui se détache de la réalité, quelque chose qui ne soit pas le reflet d’une chose existante. La volonté doublée du désir de créer cette œuvre nouvelle est très importante. Bien sûr, on peut se demander si cela est encore possible. Dans quelle mesure pourrait-on réaliser une œuvre entièrement nouvelle sans subir l’influence de sa propre connaissance des autres et de la nature  ; cette nature qui, depuis des milliards d’années, joue avec les formes et les couleurs  ? Pour moi, ici, l’essentiel restera la sincérité, le cœur. L’acte créateur réalisé dans un geste honnête et spontané donne toute sa force à ce que l’on essaie de faire sortir du néant. Et, centré sur ce geste, l’esprit retrouve une partie de sa pureté… une partie de sa paix originelle.

Cette recherche est avant tout une recherche sur moi-même par le biais artistique. Il y a dans l’acte artistique quelque chose qui nous lie profondément au mystère originel, le mystère de la création. Cette recherche créative ne peut finalement avoir qu’un seul but, me réaliser.

Trouver ma place au sein de cet univers.
Trouver ma place au sein de la vie.
Trouver ma place au sein des autres.

Dans mon rêve, je suis libre de toute contrainte, et mon esprit s’étire sur des espaces sans limite. Je suis ici les pieds fermement posés sur le sol, mais aussi infiniment plus loin… ailleurs… Je pense qu’une partie de chacun de nous est liée à cet espace illimité, à cette liberté infinie…

Je voulais connaître cette indescriptible sensation de liberté, lorsque, rompant les attaches avec le monde, juste pour un instant, l’esprit se tourne vers la quiétude du vide. C’est comme regarder un miroir sans reflet. C’est comme devenir le miroir. Vierge, lavé de tout, je voulais peindre et sculpter avec l’infini…

L’abstraction artistique est porteuse de cette liberté, car son essence même est d’échapper au cadre habituel des choses qui nous entourent  ! Il me fallait trouver un moyen d’expression directement relié à tout cela.

Ces courbes se sont alors révélées à moi  !
Elles représentent précisément ce que je recherche depuis longtemps. Quelque chose qui soit le reflet d’une liberté sans limite  ! Et c’est bien ce qu’elles décrivent, car elles n’ont pas de borne et s’étirent dans les quatre dimensions de l’espace-temps.

Ainsi, chacune de ces compositions est une fenêtre ouverte sur l’infini qu’elle décrit.
Et son univers s’étend bien au-delà du cadre qui la contient…
Prenant naissance au centre de cet espace vide et sans limite qu’est «  mon espace virtuel de travail  »,
elle s’étend jusqu’au «  bord de l’infini  ».

Je parle ici de courbes, mais il s’agit plus précisément de surfaces courbes, voire de volumes courbes en trois dimensions qui suivent, libres, un chemin qui les organise et fait naître un ordonnancement, une harmonie en leur sein. Ces espaces, remplis de formes dont les convulsions me donnent le vertige, ont ouvert une porte dans mon esprit  !
C’est ici que je me sens bien, c’est ici que je me sens libre, c’est ici que je vous attends.

Merci pour, l’espace de quelques instants, avoir prêté votre regard à ma voix…

Je signe avec ce petit texte le chapitre  I de ma recherche sur la liberté et sur ces espaces sans limite, dans lesquels je tente de peindre et sculpter avec l’infini .

Laurent Charlatte